Le Zimbabwe – Gros coup de cœur!

Autant être franc tout de suite, j’ai clairement eu les chocottes lors du vol Dar Es Salaam-Harare. Turbulences tout au long du voyage, Airbus A320 en bon état mais de seconde main (tout y était écrit en coréen), notre vol était le seul annoncé sur les écrans de l’aéroport sans logo, et bien que cela soit extrêmement misogyne, le fait de voir une pilote diriger l’avion me rappela à quel point Astrid était incapable de réaliser un créneau correctement. Bref, j’ai connu de meilleurs moments!

Une fois posés, et après avoir récupéré mes esprits, il ne nous faudra que 10 minutes pour apprécier la nouvelle réalité qui nous attend : des gens aimables, professionnels et souriants. Et un manque cruel de cash! Mais nous y reviendrons plus tard

Lors du vol nous fîmes la connaissance d’Andrea, une américano-colombienne. Elle était attendue par un couple d’amis zimbabwéens à l’aéroport. Ces derniers offrirent de nous déposer quelques km plus loin, dans une zone où nous pouvions trouver de nombreux petits lodges abordables!

Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, nous prenons le premier taxi en direction de chez Iain, un sympathique zimbabwéen blanc dans la soixantaine contacté via AirBnB. La vie est chère ici. Le moindre hôtel affiche des tarifs minimum de 40$. Iain, fort intelligemment, propose la location d’une tente pour seulement 10$ par jour! Cela inclus l’accès illimité à la maison (eau chaude pour la douche, café, wi-fi, TV pour l’Euro (très important) et surtout une vue magnifique depuis la terrasse du second étage). Alors oui, on est quand même à plus de 1500m d’altitude et c’est l’hiver ici, mais bon, la faim justifie les moyens…; .)

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Le lendemain, mission « tentative de trouver du cash, et un hôpital pour Astrid ».

Il faut rapidement expliquer la situation. En 2008, l’inflation était telle dans le pays (231 millions %!!! Par exemple 1000 milliards de dollars zimbabwéens ne servaient à acheter que 3 œufs) que le vieux président Mugabe décida d’opter pour le dollar américain (USD).

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Sauf que depuis un mois, il n’y a plus de devises. Il est presque impossible de retirer de l’argent. Les seuls ATM encore opérationnels n’acceptent pas les cartes étrangères et les cashbacks en magasin ne sont autorisés que pour les détenteurs de cartes locales. Une seule solution. La débrouille. Pour nous, ce sera via Western Union grâce à Jean-Stéphane et Ivan… mais 24h plus tard!

La mission Sauvons Astrid connut plus de succès. Après 1h d’attente, elle sortait de la clinique avec des radios (rien de cassé, juste une belle entorse), un rapport du médecin et une ordonnance pour une attelle. Le problème : le fournisseur n’accepte que le cash… Il nous faudra donc attendre 24h de plus. 24h durant lesquelles chaque pas de ma petite femme est source de souffrance.

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Une fois tout réglé, Iain nous propose un petit tour dans l’Est. À Nyagande. C’est avec plaisir que nous prenons part à l’expédition! Nous y rencontrerons un chef de village et visiterons un « camp » au bord de l’eau où girafes, zèbres et autres gnous cohabitent sur un espace de plus de 100 Ha.

Se retrouver face à ces magnifiques animaux que nous n’avions jamais vu jusqu’à présent en liberté est un moment magique. C’est impressionnant. On demeure figé avec un sourire niais devant de telles beautés (bon ok, sauf les gnous, je vous l’accorde)! Pour se remettre d’autant d’émotions, rien de tel qu’un bon barbecue!

Sur le chemin du retour, comme ça d’un coup, Iain freine. À quelques pas de la route principale, un gros rocher. Sur ce rocher, des peintures rupestres qui datent semble-t-il de plus de 20.000 ans. Magnifique!

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Le jour d’après, le samedi 11 juin, nous accompagnons cette fois Hans, un autrichien chercheur d’or vivant en Afrique du Sud, à Kadoma, à quelques 140km de la capitale. Nous y visiterons une mine d’or « traditionnelle » où tous les processus, depuis le forage jusqu’à la fonte de l’or, nous seront enseignés. Pour terminer la journée, un bon braail (barbecue), quelques bouteilles de bière de maïs, de vin et de brandy ainsi qu’une bonne fogata et hop… au lit!

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Retour dans le froid de Harare le lendemain pour quelques jours de repos. La cheville d’Astrid ayant été trop sollicitée au cours des derniers jours, une immobilisation forcée semble inévitable pour éviter des complications ultérieures!

En début de semaine, nous faisons la connaissance de Pauline, une française de CouchSurfing, installée à Harare avec son mari américain depuis 2 ans maintenant. Bon feeling autour d’un repas traditionnel zimbabwéen (combinaison de ragoûts de tripes, de chèvre et de pintade) et l’invitation est lancée. C’est avec plaisir que nous acceptons et dès le mardi nous prenons donc nos quartiers chez Pauline et André. Nous y passerons près d’une semaine! Franches rigolades et bon petits repas quotidiens. Ce fut une sacrée belle expérience. Et Pauline, malgré sa grossesse de 7 mois ne manquait pas une occasion de faire montre d’une incroyable gentillesse. C’est ainsi que le vendredi 17 juin, nous nous retrouvâmes, au petit matin (enfin pas trop tôt quand même) dans le parc de Chivero. Nous parcourrons pendant plusieurs heures, en voiture, les quelques 1900 Ha de ce parc et pourrons voir girafes, gazelles, autruches, phacochères, babouins, velvet monkeys, zèbres, peintures rupestres…. et surtout… le fameux rhinocéros!!!! Sacrée aventure mes amis!

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Le 19 juin, notre avion décolle d’Harare à destination de Victoria Falls. Une heure de voyage… et pas des plus tranquilles! Ma peur des avions qui s’accroît vol après vol s’en est trouvé bien boostée!

Une fois posés, nous sortons à pied de l’aéroport afin de prendre un “combi” pour nous rendre au centre ville. 1$ par personne… au lieu de 30$ le taxi au sortir du terminal! Une telle tarification laisse présager une envolée des prix dans cette ville si touristique… et en effet!!! le logement le moins cher que nous ayons trouvé, une tente, nous coûte pas moins de 40$ la nuit! Et paf dans les dents. Nous ferons donc l’essentiel de notre séjour à pied, et lentement, afin de ne pas trop faire travailler la cheville d’Astrid. Et bien nous en a pris! En nous rendant vers les chutes, nous sommes tombés sur une famille de phacochères, une autre de babouins et surtout, en prenant quelques raccourcis à travers champs… une maman éléphant et ses petits!! Une rencontre inattendue, à moins d’un km de la ville. J’étais ravi. Astrid était aux anges!

Les chutes Victoria. le pourquoi de notre venue ici, dans l’Ouest du pays, à la frontière avec la Zambie. Le voyage en valait-il la chandelle? Oui, à n’en pas douter. Mais allez savoir pourquoi, il me reste comme un petit goût d’inachevé. Un soupçon de déception. Peut-être car j’ai déjà eu la chance de voir Iguaçu et Niagara. Peut-être car on s’est un peu pris la tête avec Astrid. Peut-être car le débit d’eau était tel qu’une grande partie des chutes n’était que peu ou pas du tout visible. Peut-être car en plus de l’entrée à 30$ par personne on nous demandait 30$ additionnels pour un fauteuil roulant, peut-être aussi que nos attentes étaient trop grandes vis à vis de l’une des 7 merveilles du monde… Disons que les conditions n’étaient pas optimales pour profiter de l’extraordinaire spectacle que nous offrait Dame Nature. Nous pensions nous rattraper en soirée, pour voir le fameux Lunar Rainbow (arc-en-ciel de lune) vivement recommandé par tonton Georges… mais après avoir eu un aperçu de ce qui nous attendait et après avoir su que l’aventure nous aurait coûté un autre 90$, nous avons préféré passer la soirée dans un café. Pour nous rabibocher tout d’abord, mais aussi pour profiter de la nature environnante. Désolé tonton, mais sache que ces 90$ seront utilisés à bon escient à Madagascar!!!

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21 juin. 14h05. Nous nous posons à Harare. Une fois de plus le vol ne fut pas de tout repos. Il nous reste 4 jours à passer dans ce pays. Dans ce beau pays où les gens nous surprennent chaque jour un peu plus! Astrid va les passer tranquilou, en compagnie de Pauline, les efforts de ces derniers jours ayant ravivé les douleurs de sa cheville. Pour ma part, je vais partir 2 jours, en solo, à Great Zimbabwe, à 4h30 de route vers le sud.

J’arrive le mercredi soir à la tombée de la nuit après un voyage riche en émotions (un chauffeur de bus me demande “can i be your friend”, je me retrouve à côté d’un détenu burundais fraîchement libéré… etc..). Je marche près de 3km sur une petite piste en plein milieu de nulle part… et j’arrive enfin aux dortoirs situés à l’entrée du site. Des prix abordables (10$ la nuit), des gens une fois de plus sympathiques et bienveillants, et une nourriture fort convenable (sadza (sorte de polenta de maïs blanc) et poisson frit). Après avoir dormi comme un bébé et avoir englouti le petit déjeuner, je me dirige, à 7h, vers les ruines. En compagnie d’un guide, nous parcourrons pendant 2h30 les trois sites de Great Zimbabwe (ruines de la collines, ruines de la vallée, le grand enclos) ainsi que le musée. Ces fortifications faites uniquement de moellons de granit (pas de mortier!!) montent par endroits jusqu’à 11m et utilisent intelligemment les énormes roches rondes environnantes. Mais Great Zimbabwe, c’est d’abord et avant tout un symbole. Les plus vieilles ruines d’Afrique sub-saharienne! Je vous invite à en savoir plus en CLIQUANT ICI.

Une visite enrichissante et tellement agréable pour un amoureux des vieilles pierres tel que moi! Mais pas le temps de pavasser, ma petite femme m’attend à quelques 320km de là. Et hop. marche, combi, bus, marche, combi et me voici enfin arrivé, 7h plus tard. Petit coup de coeur, et de flip, lorsque le bus s’est arrêté, que tout le monde a ôté son couvre-chef et qu’une femme a commencé à prier en shona et à voix haute pour que nous arrivions tous à destination sans encombres.

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Et voilà, il ne nous reste plus qu’une grosse journée avant de décoller pour Johannesburg puis Antananarivo. Nous la passerons en compagnie de Pauline, tranquillement.

Mais avant de mettre un point final à cet article, j’aimerais revenir sur quelque chose de primordial!

Au cours de notre séjour dans ce petit pays, nous sommes véritablement tombés sous le charme des zimbabwéens. Bien qu’ayant eux aussi vécu leur apartheid (l’indépendance de la Rhodésie du Sud n’a été prononcée qu’en 1980 à la suite d’une longue guerre), bien qu’ayant à leur tête un dirigeant de 92 ans, au pouvoir depuis 36 ans, qui certes maintient une certaine stabilité sociale dans le pays mais qui l’a laissé sombré dans un marasme économique exceptionnel (inflation stupéfiante de 2008, cruel manque de liquidité, taux de chômage record (94% en 2008), bien que parler de politique en public puisse vous faire passer directement par la case prison… et bien malgré tout ça, les zimbabwéens sont des gens extrêmement positifs, respectueux, travailleurs et ouverts aux autres (même les chauffeurs de taxi et de combi, et c’est à noter!!!). Bref, que de bons moments en leur compagnie, et nous ne saurions que trop vous recommander cette destination! Pour ses merveilles naturelles et historiques bien sûr. Mais d’abord et avant tout pour ses habitants. Un peuple à qui nous rendons hommage!

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