L’Afrique du Sud… Les États-Unis d’Afrique

Nous vous avions quitté à Madagascar, pays qui, comme je l’écrivais dans mon post précédent, se différenciait sensiblement du reste des pays africains visités jusqu’alors.

Et bien nous verrons, au fil des lignes de cet article, que l’Afrique du Sud, elle aussi, bien que partie intégrante du continent diverge en de nombreux points de ses “voisins”.

Mais commençons par le commencement.

Après avoir pris nos quartiers dans l’Auberge de Jeunesse “Brown Sugar Backpackers” à Johannesburg (seul établissement à offrir la navette gratuite depuis l’aéroport Tambo), nous nous préparons à accueillir Marco et Alma, respectivement beau-frère et belle-mère, venus directement depuis le Mexique pour nous rendre visite.

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Leur séjour étant de courte durée (2 semaines), nous optons pour la location de voiture et décidons de la laisser à quelques 3000 km de là, à Cape Town, point final de notre périple “familial”.

Mais notre première journée ensemble, nous la passerons dans un “touribus” sous un vent glacial! Je ne me voyais pas apprendre à conduire du “mauvais côté” dans une ville aussi chaotique que JoZi. Cette visite guidée véhiculée, une première dans notre aventure africaine, fut fort intéressante et nous emmena du centre ville à la fameuse banlieue de Soweto, séparée de la ville “blanche” par des montagnes artificielles édifiées à l’aide de déchets issus de l’industrie minière (industrie qui permit à JoZi de devenir en à peine 150 ans le poumon économique du pays, et dans une moindre mesure de l’Afrique tout entière). Le “township” de Soweto est mondialement connu pour sa lutte contre l’apartheid, son melting pot culturel et ethnique (on y parle un argo mélangeant toutes les langues du pays) et ses résidents de marque: Nelson Mandela et Desmond Tutu. Sur un plan moins symbolique mais tout aussi populaire, Soweto abrite deux des clubs de foot les plus connus du pays: les Orlando Pirates et les Kaiser Chiefs.

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Mais ce qui choque à JoBurg, c’est la séparation qui existe, encore et toujours entre les riches, en grande majorité blancs, et les pauvres, en grande majorité noirs. Ça met mal à l’aise. Et ce sentiment est accru par les commentaires incessants sur l’insécurité, par les clôtures électriques entourant les maisons des quartiers “blancs” etc… Bref, JoBurg a beau être une ville économiquement active et culturellement effervescente, il n’en reste pas moins que quelque chose, un ressenti difficilement définissable, nous laissa un goût amer. Aussi bien à Astrid qu’à moi qui avons déjà connu d’autres métropoles d’Afrique. Pour Marco et Alma, qui ne peuvent que comparer avec les villes américaines de Californie, le changement n’était finalement que bien peu perceptible…

Deuxième jour. ça y’est, on loue la voiture à l’aéroport Tambo. une petite Renault Sandero. Pour 9 jours, kilométrage illimité, full coverage, assurance extra pour pare-brise et pneus + abandon du véhicule à Cape Town… seulement 5800 rands, soit 380 euro.

Une fois le premier camion doublé, je me sentais déjà plus en confiance et finis par rapidement adopter mon mode de conduite à l’english. Et tant mieux, car j’allais en bouffer des km au volant de notre “bolide”. première étape, le Parc National de Pilanesberg, au Nord Ouest de Pretoria.

De 7h du matin jusqu’à 18h, nous sillonnerons les pistes de ce parc méconnu mais  véritablement magnifique. Nous y verrons gazelles, antilopes, hippos, énormément de rhinos (avec leurs bébés!!!), singes, girafes, un lion assoupi (malheureusement très loin…) et surtout plusieurs éléphants, dont un qui nous bloqua la route pendant un bon quart d’heure. Une belle expérience pour Astrid et moi qui en avions déjà profité au Bénin et au Zimbabwe, mais assurément un souvenir impérissable pour ma belle-maman et mon beauf!

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Le lendemain, départ aux aurores. Direction Saint Lucia, ville côtière du Sud Est du pays, à près de 800 km de Pilanesberg. Nous y arriverons à la nuit tombée. J’en profite pour saluer les infrastructures routières du pays. Si JoBurg ressemblait à bien des égards aux grosses agglomérations américaines, les autoroutes sud-africaines n’ont rien à envier aux freeways US. Les paysages non plus! (un nombre incalculable d’hectares de pins pour l’industrie du bois, champs cultivés à perte de vue, mines par ci-par là…).

À Saint Lucia, petit village vivant principalement du tourisme, nous dûmes nous y prendre à 4 reprises pour trouver un endroit où dormir (à partir de là nous décidâmes d’utiliser AirBnB…). Cette municipalité est connue pour abriter l’une des concentrations de crocodiles et d’hippopotames les plus importantes du pays. Ces derniers traversent d’ailleurs régulièrement les rues de la ville une fois la nuit tombée. Il est préférable de ne pas s’y frotter, les hippos étant les mammifères les plus dangereux (ils tueraient chaque année de 2 à 3000 personnes dans le monde).

Nous y passerons deux nuits et naviguerons sur le canal à la recherche de crocos, d’hippos et d’oiseaux endémiques… et bien évidemment pour faire l’apéro et pour profiter de la famille! Pour ma part, j’ai tenté, deux nuits durant, de m’aventurer en ville à la recherche d’hippos citadins… sans succès. On ne se le cachera pas… j’étais assez déçu!

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De Saint-Lucia, nous prîmes la route le 1er août à l’aube. Direction East London. 900 km de route qui nous mèneront à travers différents paysages et surtout vers l’une des principales ethnies du pays, celle de Nelson Mandela, les Xhosa (ethnie qui utilise un langage particulièrement surprenant que je vous invite à découvrir ci-dessous).

Les petites villes traversées affichaient un contraste saisissant avec les agglomérations visitées jusqu’alors. Aucun ou très peu de blancs. Une effervescence populaire aux abords des marchés et friperies. Un bordel sonore. Une pollution plus importante. Aucun sentiment d’insécurité. Bref, une Afrique du Sud différente.

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Arrivés à East London en soirée, nous eûmes la chance de tomber sur Fidelina, une hondurienne, mariée à un allemand, qui nous hébergea en banlieue de la ville. Ville que nous visiterons le lendemain matin avant de filer vers Plettenberg Bay via une visite express de Port-Elizabeth. Et oui, faire l’Afrique du Sud en deux semaines est un véritable défi physique. Trop peu, bien trop peu pour connaître ce pays si particulier, mais que voulez-vous, pour une fois que nous avons des impératifs de temps dans ce voyage…

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Plettenberg Bay c’est en gros une petite ville, moderne, côtière, bloquée entre l’Océan Indien, quelques montagnes et d’immenses forêts de pins. Un cadre tout bonnement magnifique! Malheureusement, la sur-occidentalisation de ce lieu lui fait perdre, selon nous, son charme. Parfait pour un tourisme local ou un tourisme de luxe, mais pour des baroudeurs en recherche de découvertes humaines et sociales… disons qu’il y a mieux! Malgré tout, nous y passerons deux excellentes journées ponctuées par la visite de sanctuaires animaliers (sortes de centre de réhabilitation), des rencontres inattendues (Jean-Marc), de bons petit-déjeuners, quelques balades sous la pluie, la célébration bien arrosée de notre deuxième anniversaire de mariage ainsi qu’une bonne dose d’émotions fortes pour Marco, avec le saut à l’élastique le plus haut au monde (216 m)!!!

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À une grosse trentaine de km de là se situe une petite ville très touristique (car passage obligé sur la fameuse N2 reliant Port Elizabeth à Cape Town)… j’ai nommé Knysna. Ce nom raisonne sans doute de manière fort désagréable aux oreilles des fans de l’équipe de France de football… mais je peux vous dire qu’il est difficilement compréhensible que cette équipe de bras cassés (en 2010) aient décidé de faire la grève dans un cadre si bucolique…

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Nous y passerons la nuit puis nous nous dirigerons le lendemain vers Franschhoek, berceau de l’industrie viticole d’Afrique du Sud et véritable petite ville à l’âme française. Le trajet (d’à peu près 6h) offre un panorama véritablement haut en couleur, et en relief que je ne puis que vivement recommander! Il m’en arriva même à penser à ma douce Drôme natale! Entourés de montagnes, de plans d’eau, de vignes et même de champs de lavande!!!, les nombreuses caves et restaurants que compte Franschhoek offrent des produits de grande qualité dans un cadre exceptionnel. Bref, une petite ville où il fait bon (et cher) vivre. Nous en avons profité pour prendre une “bonne caisse” avec le beauf. (Pour info, même les vins les moins chers (2-3 euro) sont de bonne facture! La preuve… aucune gueule de bois! ;.))

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Au petit matin, après s’être bien rassasié dans la guest house / AirBnB tenu par une autrichienne et son mari français, nous prenons la route pour parcourir les 70km qui nous séparent de Cape Town. Un trajet sympa et plutôt joli au cours duquel nous nous sommes arrêté pour prendre quelques photos… jusqu’à ce qu’une voiture s’arrête à son tour et nous dise de ne pas traîner car la zone n’était pas sûre du tout… Énervant quand même cette persistante insécurité!!!

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Nous arrivons enfin à ce qui sera le dernier “bercail” sud africain de ma belle famille. À mi chemin entre Cape Town et les plages de pingouins, notre AirBnB du jour fut incroyable!! une maison pour nous tous seul, sur le bord d’un canal et disposant de 2 kayaks.

L’après-midi du 6 août, nous la passerons en compagnie des pingouins… et des touristes chinois venus les admirer en nombre… et armés d’appareils photos et de selfie-sticks!!

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Le 7 août, dernier jour d’Alma et Marco à Cape Town, nous nous levons aux aurores pour profiter au maximum des environs. Direction Lions Head, face à la fameuse Table Mountain surplombant la ville. Nous pensions qu’il s’agissait d’un point de vue. Que nenni! 2 bonnes heures de marche assez ardue combinée à quelques passages d’escalade…. et hop… une vue à 360 degrés imprenable! Du beau, du magnifique, mais pas nécessairement du grandiose comme le laissait espérer le statut de “merveille du monde” de la Table Mountain! Pour le coup, cette rando inattendue nous aura un peu compliqué les plans pour le reste de la journée! Affamés et fatigués, nous décidâmes de faire un bref tour en ville (notamment pour visiter une boutique de vinyles que souhaitait connaitre à tout prix Marco) puis de rentrer afin de préparer un bon barbecue avec de la viande d’Autruche! Des fois les plaisirs les plus simples (autruche mis à part) sont les plus savoureux! Et après une petite ballade en kayak avec ma belle-mère on se mis tranquillement au chaud, accompagné par un bon café et une petite série Netflix du beauf… On se croirait à la maison! Et après 6 mois sur la route, et ben ça fait du bien ;.).

Et voilà, à 4h du mat, le 8 août, on dit au revoir à la famille. Ou plutôt à bientôt, car ils devraient normalement venir nous rendre visite en Asie d’ici quelques mois… De notre côté, nous passerons 3 jours de plus à Cape Town, afin de nous imprégner de cette atmosphère si particulière comme on nous l’a rabâché à de nombreuses reprises tout au long de notre road trip. Au programme, déambuler dans les rues de la ville, découvrir de nouveaux quartiers, faire de nouvelles rencontres, faire des braii avec des colombiens et un argentin et siffler les dernières bouteilles de vin que nous croiserons… car en Asie… zobi!

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Notre expérience sud africaine fut rapide, trop rapide pour se faire une idée générale du pays. Nous n’avons pas pu aller à l’intérieur des terres, prendre le temps de discuter davantage avec les gens etc… Nous avons néanmoins pu tirer certaines conclusions de ces 2 semaines et demi dans le pays. En premier lieu, ce qui nous a vraiment marqué, c’est cette ségrégation qui semble perdurer, plus de 20 ans après la fin de l’apartheid. Des grandes agglomérations jusqu’aux petites stations balnéaires, blancs et noirs ne se mélangent pas. ou très peu. Nous n’avons vu que 3 couples mixtes sur toute la durée de notre voyage.  Et dans les villes se situant “au milieu de nulle part”, c’est bien simple, nous n’avons vu aucun blanc. Socialement et économiquement, la fracture est flagrante et saute aux yeux. C’est vraiment désagréable.

Autre point m’ayant également dérangé, bien que très subjectif, c’est le modèle de développement adopté par le pays. Je suis heureux de voir qu’un pays d’Afrique ait pu se bâtir une puissance industrielle et commerciale de cette envergure (bien aidé il est vrai par la non-ingérence des grandes puissances….)… mais je trouve regrettable que les fruits de cette réussite se traduisent par un développement à l’américaine. Des maisons jusqu’aux KFC présents à chaque coin de rue en passant par le nombre particulièrement élevé d’obèses ou les activités touristiques extrêmes (saut à l’élastique, nage avec les requins blancs…), les points de ressemblance avec les US sont pléthores! J’aurais aimé voir un développement différent. un développement africain, calqué sur aucun modèle préexistant. Comment? Aucune idée… Juste un sentiment. Une sensation qui fait que j’aurais sans doute apprécié différemment ce pays par ailleurs magnifique…

 

 

 

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